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le val sans retour.

mains. Un valet accourant à la hâte dit à Morgain : « Dame, apprenez de merveilleuses nouvelles. La coutume établie par vous est abattue ; les sorties sont libres, plus de cent chevaliers les ont déjà reconnues. » En même temps paraît ce chevalier, premier ami de Morgain, pour lequel le Val sans retour avait été destiné : « Bien soit venue, s’écrie-t-il, la fleur de tous les preux ! — Dites plutôt, mal soit-elle venue ! répond Morgain. — Ah madame ! dit la demoiselle qui avait suivi Lancelot, ne parlez pas ainsi du meilleur, du plus hardi, du plus franc chevalier du monde. — Comment l’appelez-vous ? fait Morgain. — Lancelot du lac. — Eh bien ! maudite soit l’heure où tant de hardiesse lui fut donnée. Maudit soit-il pour être venu dans ce val, et honnie soit la dame qu’il a loyalement aimée ! »

Cependant arrivaient messire Yvain, Galeschin et tous les autres prisonniers compagnons de la Table ronde. Tous viennent tomber aux pieds de Lancelot, en le remerciant de les avoir rendus au siècle. Morgain prenait sur elle de cacher sa douleur, et se tournant vers Lancelot d’un visage serein : « Chevalier, lui dit-elle, vous avez fait bien, et vous avez fait mal. Mal, en rendant la liberté à tant de cœurs félons qui avaient manqué et manqueront encore à ce qu’ils doivent aux dames ;