Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La Sibylle a pourtant récemment revu des pèlerins. Il y a bien trente ans que, ayant lu le livre d’Antoine de la Sale, j’avais été frappé de la ressemblance que présente l’aventure de son chevalier avec celle que la légende, en Allemagne, attribue au Tannhäuser. Je m’étais promis dès lors d’aller visiter la grotte mystérieuse, non sans quelque espoir de retrouver sur les murs du vestibule le nom d’Antoine de la Sale et peut-être celui de Hans van Bramburg avec la prestigieuse mention : intravit, et, qui sait ? de pénétrer dans le souterrain et d’arriver jusqu’au « paradis ». Je voulais surtout savoir s’il restait dans la mémoire du peuple des alentours quelque vestige des anciennes croyances, si la Sibylle exerçait encore sur les âmes sa fascination mêlée de terreur et de désir.

J’ai réalisé ce projet en juin 1897 ; mais, hélas ! comme jadis messire Lionel de France, j’ai été, – et moins près encore du but, – « repoussé par le vent ». La Sibylle, craignant sans doute une investigation indiscrète, s’est enveloppée de brume et s’est défendue par un souffle glacé. Cependant ce voyage, dont le but principal a été manqué, n’a pas été dénué de tout intérêt, et j’en veux rappeler quelques impressions, en signalant ce qui pourra être utile à des recherches futures sur cet attrayant sujet.


Je dois dire à l’avance que tout ce qui, dans ce récit, a quelque valeur pour l’étude des lieux ou de la légende est dû à mon excellent ami le professeur Pio Rajna, de Florence, l’auteur bien connu de ces deux beaux livres qui s’appellent les