Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/141

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Il rentra dans la montagne,
Pour toujours jusqu’à la fin :
« Je retourne auprès de ma dame si tendre,
Puisque Dieu m’y renvoie. »

« Soyez le bienvenu, Tannhäuser !
Je vous ai attendu longtemps.
Soyez le bienvenu, cher sire,
Mon amant choisi entre tous ! »

Le troisième jour était venu,
Quand le bâton se mit à verdoyer :
Le pape envoya par tous pays
Savoir ce qu’était devenu Tannhäuser.

Il était rentré dans la montagne,
Il avait choisi son amour,
Et à cause de cela le quatrième pape Urbain
Fut perdu pour l’éternité.

Aucun pape, aucun cardinal
Ne doit damner un pécheur :
Que le péché soit aussi grand qu’il voudra,
Dieu peut toujours le pardonner[1].


Il y a dans ce beau poème, si pénétrant avec

  1. La fin est assez différente suivant les versions : la dernière strophe n’est que dans deux leçons. Les leçons bas-allemande et danoise ont supprimé la damnation du pape ; elles disent : « Le pape se chagrina beaucoup, – et il pria sans cesse – que Dieu exauçât le vœu de Tannhäuser – et lui pardonnât son péché. » La chanson néerlandaise intercale trois strophes, qui ne manquent pas de poésie, sur l’attitude de Daniel (c’est ici le nom du héros) quand il est rentré dans la montagne : il s’assied sans mot dire, et c’est en vain que Vénus lui offre un repas délicat et une coupe d’or : il ne boit ni ne mange ; elle fait danser devant lui sept jeunes filles rieuses : « Sire Daniel reste silencieux. » La chanson danoise ajoute deux quatrains édifiants sur les dangers de l’amour, prouvés par l’exemple de Danyser.