Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/143

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aventure. Mais si le poète n’était plus connu directement, son nom était resté célèbre parmi les Meistersänger. Il y avait un ton, c’est-à-dire une forme rythmique et musicale, qui se rattachait à une des formes inventées par lui, et qui fut longtemps employé avec deux variétés, « le ton court » et « le ton long » de Tannhäuser. Les plus anciennes poésies où apparaisse la légende sont composées « dans le ton long de Tannhäuser », et l’introduction de ce nom dans la merveilleuse histoire n’a peut-être pas d’autre cause. On a cependant pensé que c’était bien le Minnesinger du XIIIe siècle qui en était le héros. « La légende, dit un savant critique, dut entourer de bonne heure le poète vagabond ; le pécheur repentant, dans la chanson populaire, adresse son cri d’angoisse au pape Urbain IV, et cela s’accorde bien avec l’époque où vécut le Tannhäuser historique[1]. » Cet accord même paraît suspect : la légende ne connaît guère de telles précisions. Il n’est pas d’ailleurs aussi complet qu’il en a l’air. Le Tannhäuser paraît être né vers 1200, et nous n’avons aucune trace certaine de lui passé 1255 ; admettons même qu’il ait vécu jusqu’au temps du pape Urbain IV (1261-1264) : est-ce à

  1. E. Schmidt, p. 179.