Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/152

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saints, ne sont, dans leurs versions médiévales, que des illustrations de cette pensée. Ce qui est propre à la nôtre, c’est l’antagonisme qu’elle exprime entre l’inflexibilité de l’Église et l’infinie miséricorde de Dieu. Cet antagonisme donne au récit son caractère original et tragique, car on ne sait au juste si le héros est finalement pardonné ou s’il sera, par la faute du pape, damné irrémissiblement. Il rentre, il est vrai, dans le paradis infernal, et semble par là renoncer au vrai paradis ; mais le miracle du bâton peut signifier qu’il est néanmoins sauvé, et qu’au jugement dernier, quand s’accomplira la destinée des hôtes de la montagne mystérieuse, il aura la joyeuse surprise de se trouver rangé à droite, tandis que le pape qui l’a témérairement condamné ira subir dans l’enfer la peine de sa présomptueuse dureté. Il semble cependant que ce ne soit pas tout à fait là l’esprit de la légende, et que l’ami de la Sibylle doive, par la damnation, expier sa désespérance, – le seul péché impardonnable, car Judas lui-même, s’il s’était sincèrement repenti, attrait obtenu sa grâce, – comme le pape expiera son manque de foi en la clémence divine.

C’est en Italie que la légende doit avoir pris