Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/233

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éloquent et des larmes. Mais il faut dire aussi que ces détails, on paraît les lui avoir fort peu demandés : les bons Toscans qui assiègent la maison où il loge et manquent d’étouffer sur la place sont bien plus curieux de savoir de lui comment tourneront leurs affaires privées ou publiques, combien ils ont encore à vivre, si leur femme leur donnera un fils ou s’ils guériront de leur maladie, que de lui entendre raconter le drame du Golgotha. Il se tire d’ailleurs fort habilement d’affaire avec eux. La première fois qu’il vint au Borgo, comme on l’accablait de semblables questions, « avec peu de révérence et bestialement », il se tourna vers le podestat et lui dit : « Voyez tous ces gens qui m’interrogent ; s’ils savaient ce que je sais, ils s’attristeraient beaucoup, et il y en a qui pleureraient à chaudes larmes, car, avant que vous sortiez d’office, tel qui est dans cette foule sera pendu en ce lieu même, et cela arrivera sans faute. » Et un mois ne se passa pas « qu’un garçon appelé Ercole, qui passait pour le meilleur garçon qu’il y eût là, fut pendu en ce lieu même, comme l’avait dit Giovanni serviteur de Dieu. » Un tel accident ne devait pas être fort difficile à prévoir, et il était possible aussi, avec quelque connaissance en physiognomonie, de surprendre l’apothicaire Giunta Galetti comme le fit notre