Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/254

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utiles, la première pendant que tu me tiendras encore, la seconde quand je serai sur l’arbre voisin, et la troisième, quand je serai au sommet. » L’oiseleur voulut entendre la première maxime. L’oiseau lui dit : « Ne te repens jamais au sujet d’une chose passée [1]. » L’oiseleur satisfait de cette maxime le lâcha ; il se posa sur le tronc de l’arbre, et dit : « Ne crois que ce dont tu auras constaté la réalité. » Puis il vola jusqu’au sommet et dit : « Tu as perdu ta fortune, que tu avais entre les mains. — Comment ? — Si tu m’avais tué, tu aurais trouvé dans mon gésier deux rubis du poids de cinquante miscals chacun. » A ces mots, l’homme se livra au désespoir et lui dit : « Tu m’as abusé ; mais dis-moi maintenant la troisième maxime. — A quoi bon ? » répondit l’oiseau : « Tu viens en ce moment d’oublier les deux premières. Ne t’ai-je pas dit de ne pas te repentir d’une chose passée et de ne croire que ce dont tu aurais constaté la réalité ? Tu as cru cependant que j’avais dans le corps deux rubis du poids de cinquante miscals, moi qui tout entier n’en pèse pas dix, et tu te repens d’une chose qui est passée. » Et il s’envola laissant l’oiseleur en proie au chagrin [2].

C’est surtout dans la littérature écrite que notre

  1. Il faut remarquer l’accord de cette version, seule entre toutes, avec le texte grec de Boissonade (voy. ci-dessus, p. 227, n. 2).
  2. Ce conte, tiré de l’anthologie arabe indique Nafhat oul-Yemen, compilée dans l’Inde au commencement de ce siècle, mais souvent à l’aide d’éléments anciens, par Ahmedel-Yemeni, est imprimé dans Arnold, Chrestomathia Arabica, p. 34. J’en dois la traduction à l’amitié de mon savant confrère M. Charles Schefer.