Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/255

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conte, comme la plupart des récits à tendance morale, s’est transmis, en Orient aussi bien qu’en Occident ; on l’a cependant recueilli naguère à l’état de tradition orale chez les Avares, petit peuple de race tartare, aujourd’hui musulman et soumis à la Russie, qui habite la côte occidentale de la mer Caspienne, et qui est sans doute le débris, demeuré obscur, de ces fameuses hordes Avares qui firent trembler l’Europe pendant deux siècles. Voici le conte avare, qui ressemble particulièrement à celui qu’on vient de lire en dernier lieu :

Un homme avait tendu des pièges et pris un oiseau. L’oiseau lui dit : « A quoi te servirai-je ? Si tu manges ma chair, elle ne te rassasiera pas ; mais lâche-moi, je te donnerai en échange trois conseils : l’un pendant que je serai encore dans tes mains, les deux autres quand je serai perché sur la branche. » L’homme consentit. « Fais attention, » dit l’oiseau : « Ne crois pas ce qui ne s’accorde pas avec la raison. » Il lâcha l’oiseau. Une fois perché sur la branche, celui-ci lui dit : « Fais attention : Ne regrette pas ce qui est passé. Dans mon corps, » dit-il ensuite, « il y a un morceau d’or gros comme un œuf ; si tu m’avais tué, tu l’aurais pris et tu aurais eu de quoi manger jusqu’à la fin de tes jours en restant couché dans ton lit. — O jour maudit ! » s’écria l’homme en se mordant le doigt de dépit. L’oiseau était prêt à s’envoler. « Ne m’as-tu pas promis trois avis ? » lui cria l’homme. « Tu ne