Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/149

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L’horreur des lampions à funèbre lueur
Flottait sur une mer de blouses en sueur ;
Épave : dans un coin ronronnait un harpiste.
Parfois quelque beauté fendait l’âpre roulis,
Sur ses très hauts talons l’âme des patchoulis
xxxxRôdait, vous trahissant sa piste.

En angles dédaigneux ta lèvre se plissait
Et ton nez aux dégoûts superbes frémissait,
Tandis qu’autour de nous, en chaudes turbulences,
Sans relâche, aux cieux noirs montaient les salaisons
Et claironnaient les lards, denses exhalaisons
xxxxAux nutritives pestilences !

Cependant que la foire allumait son encens,
Moi je marchais béat à tes côtés, les sens
Ravis par la senteur printanière qui plane
Sur ta chair, — en oubli des tourmentes de l’ail,
Sous les frissons ailés de ton large éventail
xxxxTout embaumé de frangipane.