Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/188

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Sous ton amour ! — Enfants, je suis une endormie
De lune et de baisers. Je suis la calme amie
Qui berce les douleurs. Je suis le jardin clos,
Plein de fontaines au mystérieux repos,
Seuls miroirs d’aucune eau n’abreuvant leurs mirages,
Où des enfants craintifs reflètent leurs visages.
Oui, je suis le sommeil et les songes, et ceux
Que j’aime, les élus de mes yeux paresseux,
Étoiles dans le soir de mes robes de fêtes,
Dormiront aux parfums de mes ombres muettes.
Je suis l’Orgueil.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxJe suis l’espalier des péchés ;
Dans l’ombre de mes blonds cheveux, mes fruits cachés
Ont un goût de soleil. Je sais les anciennes
Ivresses, et les philtres des magiciennes.
Et leurs enchantements, et mes mains à ce jeu
Des caresses, qui sont comme des fleurs de feu,
Et des enlacements, qui sont comme des chaînes
De perles et de laine, ont été souveraines !

Un silence. — Et, gravissant les marches du Trône :

Trône ! En vos ailes d’or triomphales ; en vous,
Soleil des pierres qu’ont vaincu mes yeux jaloux,
Recevez une Reine !

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxEn vous, ô fleurs des flammes,
Moi dont le divin songe a captivé les âmes.
Moi qui posai mon lys en sceptre sur les cœurs ;
Et soyez moi le signe éternel des vainqueurs.