Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/189

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Car je veux être en vous comme votre ombre même !

Se retournant, les yeux en quelque vision.

Il me souvient d’un autre exilé, frère qu’aime
Et qu’adore le jeune orgueil de mon souci,
Prince des solennels combats livrés ici,
Pour ta révolte, un soir étrange plein de glaives.
Je me souviens de toi, je ressemble à tes rêves,
C’est toi que le premier je veux entre mes bras
Bercer, rêveuse, dans l’oubli des cieux ingrats
Où tu marchais avec les étoiles rivales,
Et c’est toi que j’attends en mes mains nuptiales.

Pendant qu’Elle parle, les cieux s’obscurcissent graduellement, et des nuages, comme de sombres vaisseaux en un vent de tempête, passent — et des vols de chouettes.

Ange rebelle des ombres ! viens, ô mon roi,
Dormir dans mon amour ! J’entr’ouvre avec effroi
Cette robe de vierge où me berçaient les anges.
La gloire de tes yeux chantera mes louanges ;
Mes lèvres de soleil m’enivreront de toi !
Oh ! je suis si divine, et si douce est ma loi !
Viens : d’hyacinthe d’or mes hanches sont parées !
C’est Toi que je cherchais de mes mains égarées,
Ces nuits de vierges où jetais seule à m’aimer…
Laisse sur mon Amour mes deux bras se fermer :
Il semblera que c’est un beau rêve de roses
Qui te mène, et que dans des ailes tu reposes,
Lorsque tu songeras sur mes seins glorieux !
Oh ! viens, car voici l’heure. Et déjà dans les cieux