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ACTE I.

Ce qui dépent de moy comme de mes ſciences,
Ie pretends te donner des promptes aſſiſtances :
Meſme tes ſentimens ont beaucoup de raiſons.
Lors que Diane fort des celeſtes maiſons,
Elle va s’eſcarter iuſques à la contrée,
Où logent maintenant Erigonne, & l’Aſtrée.
Et d’un autre coſté voir les filles d’Atlas,
C’eſt là que plus ſouuent elle dreſſe ſes pas :
Elle viſite encor Andromede, Cephée,
Caſſiope, Orion, les terres de Morphée :
Des antres du Centaure elle fait ſon palais :
Quand elle veut chercher le repos & le frais,
C’eſt le fleuue ſacré le ſeiour des delices,
Qu’elle choiſit touſiours apres ſes exercices.
Mais enfin par mon art ie ſçauray l’obſeruer,
En quel lieu qu’elle ſoit, nous pourrons la trouuer.
Mais il me faut ſçauoir comme tu la demandes,
Voir ſi c’eſt en Hecate, ou bien que se pretendes
De la voir en Diane, enfin i’en ſuis d’accord ;
Car en Hecate au moins ſçaches que cet abord
Nous rends tous inſenſez, ou transformez en pierre ;
Ou bien tous eſcraſez par vn coup de tonnerre

ENDYMION.

Iſmene, mes ſouhaits ſont de la voir ainſi
Que ie la viens de voir en cette place icy.

ISMENE.

Hé bien, tu l’y verras, & ſçaches qu’à mes charmes
Iuſques aux immortels ie fais rendre les armes :
Ouy ie contenteray tes deſirs innocens,
Et puis rendre des Dieux les efforts impuiſſans :
Mais va t’en donc chercher ta loge ſolitaire,
Et ne demande pas le fonds de ce myſtere.
Ie te puis aſſeurer qu’au bruit d’un ſeul ſoûpir,