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ACTE III.

Et le ſeul Hermodan eſtoit victorieux.
Amphidamas fuſt l’vn des plus conſiderables,
Et ſe viſt à la fin vn des plus miſerables :
Son pere la preſſoit pour cet illuſtre amant ;
Mais elle fuſt rebelle à ſon commandement.
C’eſt en vain toutefois qu’elle s’en veut deffendre,
Son pere avoit deſſein pour vn ſi puiſſant Gendre :
Enfin il voulut tant vſer d’authorité,
Qu’il en a fait perir cette extreme beauté :
Feignant de s’accorder au vouloir de ſon pere,
Quant elle le voyoit emporté de cholere :
Elle luy proteſta de les rendre contens,
Pourueu qu’on luy donna cinq ou ſix iours de temps.
On luy donne ce temps avec beaucoup de ioye,
Mais c’eſtoit luy donner le chemin & la voye
Qui leur deuoit couſter tant d’ennuis & de pleurs ;
Puiſque les Dieux touchez de ſes viues douleurs,
Permirent que dans peut cette beanté diuine
Vit couurir ſon beau corps d’vne dure racine.
On la cherche par tout apres cet accidant,
Puiſque pas vn de nous, ny le pauvre Hermodant,
En ne la voyant plus n’euſt iamais le penſée
Que les Dieux pour touſiours l’euſſent ainſi placée :
Nous cherchậmes bien loing ce qui fuſt pres de nous,
Et ſi cét eſtranger n’euſt encor parmy vous
D’vne main ſacrilege abbatu ce feuillage,
Son Pere l’auroit fait rechercher dauantage.
Mais allons informer ce pere malheureux
Quel accident cauſa ſon deſſein rigoureux.

THYMŒTES.

Dieux ! le triſte recit, quelle eſtrange nouuelle
Apprendra Licaſpis, pere de cette belle.
Mais allons maintenant pourſuiure nos deſſeins,