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ACTE IIII.

D’arriuer ſur l’autel pour y finir ma vie.
Ie n’ay plus de deſirs que pour ce doux trépas ;
Et l’on me déplairoit de ne m’y mener pas.
Enfin me voicy prest, mettez ordre au ſeruice,
Allez donc promptement preparer mon ſupplice.

THYMŒTES.

Ton ſupplice, mon fils, n’a rien de rigoureux,
Il ſera trouué doux par vn cœur genereux :

ENDYMION.

Puiſque c’eſt pour les Dieux que l’on me ſacrifie,
Il faut auec raison que ie m’en glorifie,

THYMŒTES.

Ouy les Dieux t’on choiſi par deſſus les humains,
Nous te tenons icy de leurs diuines mains :
Car il eſt vray, mon fils, que ce ſont nos maximes,
De n’immoler iamais que d’illustres victimes.
Tu te dois croire heureux d’eſtre mis de ce rang,
Et baiſer le couteau qui doit t’ouurir le flanc.

ENDYMION.

Thymœtes c’eſt aſſez, i’en reçois de la gloire,
Et du contentement plus qu’on ne le peut croire :
Allez, mes chers amis, courez, qu’attendez vous !
Voyez que ie ſuis preſt, preparez vous donc tous :
Faites vos appareils, puiſque voicy l’hoſtie,
Contente, & meſme preſte, auſſi-toſt qu’aduertie.

THYMŒTES embraſſant Endymion.

O ! cœur trop genereux, plus celeſte qu’humain,
Miracle des mortels ! faudra-t’il que ma main
Plonge dans ce grand cœur la lame meurtriere ?

ENDYMION.

Non, non, ne craignez rien, ma conſtance eſt entiere :
Vous me verrez plus preſt à receuoir le coup,
Que vous à le donner.