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ACTE IIII.
ENDYMION.

Vn doux charme flatteur, & plein de tromperie :
Mais n’importe, mon cœur en eſt trop ſatisfait,
Sans oſer m’eſtonner du chemin que i’ay fait,
M’eſtant abandonné ſous les charmes d’Iſmene,
Qui cauſe maintenant la mort où l’on me meine.
Enfin n’en parlons plus, Allons ſans differer,
Adorons ce beau iour au lieu de murmurer :
Courons,

STHENOBE’E.

Courons, Endymion, ton courage me tue,[illisible]
L’heure de ton treſpas n’eſt pas encor venue :
I’oſe encor eſperer vn doux euenement ;

FELICIE bas.

O Dieux ! qu’elle eſt à plaindre en ſon aueuglement.

ENDYMION.

Obligeante beauté, d’où vient que ta belle ame
Se rend ſenſible au coup qui doit finir ma trame ?
Qui t’en donne ſubiet ?

STHENOBE’E.

Qui t’en donne ſubiet ? Quoy tu peux ignorer
Quel ſubiet auiourd’huy me force de pleurer ?
Tu ſçais ce que i’ay dit de noſtre connoiſſance ?
Si toſt que ie t’ay veu malgré la longue abſence,
Ne t’ay ie pas connu, ne m’as tu pas appris
Que mon abord auſſi t’a rendes tout ſurpris ?
Ne te ſouuient il plus de ce grand ſacrifice
Où tu me fus connu ?

ENDYMION.

Où tu me fus connu ? Ie mourois de delice
Aymable Sthenobée, en des ſi doux momens,
Tu pouvois bien iuger de mes raviſſemens,
Quand ton divin aſpect venoit frapper ma veuë