Page:Pascal - L’Endymion, 1657.pdf/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
ACTE IIII.

Par les rares attraits dont le Ciel t’a pourueuë :
Non, rien ne me plaiſoit que non ſeul entretien,
Ie ne pouuois ſouffrir d’autre abord que le tien :
Et ie garday touſiours cette adorable idée,

STHENOBE’E.

Helas ! pourrois ie bien eſtre perſuadée
De tout ce que tu dis, Endymion ?

ENDYMION.

De tout ce que tu dis, Endymion ? Hé quoy
Tu pourrois en douter ?

FELICIE.

Tu pourrois en douter ? Enfin prepare toy,
Sthenobée, il eſt temps, mets luy cette couronne.

Elles prennent vne des corbeilles de fleurs qui ſont ſur la table, & la preſentent à Sthenobée, qui prend la couronne faite pour Endymion, & le bandeau de pourpre pour luy mettre ſur le front.

STHENOBE’E.

Ha ! funeſte deuoir, la force m’abandonne :
Non, ma main ne ſçauroit ſouſtenir ce bandeau,
Qui te doit auiourd’huy traiſner dans le tombeau.

ENDYMION.

Hé chere Sthenobée, Hé viens, ie t’en ſupplie,
Enfin ſi ta douleur auiourd’huy ſe publie,
Quel murmure en feront tous les Albaniens,
Ceux qui ſe ſont aydez à mettre mes liens ?
Enfin que diroit on de voir dedans le temple
La Vierge de l’autel, cet obiet ſans exemple,
Pleurer vn malheureux, qu’un ſort infortuné
A laiſſé dans leurs mains, l’ayant abandonné.
Pourquoy donc me pleurer ſi ma mort eſt certaine ?
Modere Sthenobée vne douleur ſi vaine.