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ACTE IIII.

I’aurois bien du ſubiet dans l’ennuy qui me preſſe
De me plaindre de toy plus que de la Deeſſe :
Quoy que par ſa rigueur ie te viſſe immoler,
Ie trouuerois encor de quoy me conſoler,
Si pour me contenter tu deſirois de viure,
Si mes iuſtes ſouhaits tu deſirois de ſuiure :
Peut eſtre que les Dieux touchez de mon tourment,
Arreſteroient l’effet de leur commandement :
Mais c’eſt en vain, ingrat, cét Arreſt te contente,
Ie vois que ma douleur t’eſt trop indifferente :
Les rigueurs de Diane ont charmez tes eſprits ;
Apres elle tu tiens tout le reſte à meſpris :
Enfin tu la benis cette triſte iournée.

ENDYMION.

Sthenobée, tu vois quelle eſt ma deſtinée :
Diane pour ce iour a voulu me choiſir,
Et tu veux t’oppoſer a ſon iuſte deſir :
Ne murmures donc plus contre cette Deeſſe.

STENOBE’E.

C’eſt en vain que pour toy mon ame s’intereſſe,
Ingrat Endymion, que tu reconnois peu
Ce que ie ſens pour toy :

ENDYMION.

Ce que ie ſens pour toy : Fais m’en donc vn adueu ;
Parle plus clairement, Merueille incomparable,
Et ne te repens point de m’eſtre fauorable :
Apprens moy ce ſecret, pourquoy me le cacher ?

STENOBE’E.

Quand ie te le dirois, pourroit il te toucher ?
Et meſme ie ſens trop de remords dans mon ame.

ENDYMION.

Cét adueu pourroit-il te donner quelque blaſme,
Aymable Sthenobée ?