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ACTE IIII.

Qu’elle eſt à plaindre en ce combat,
Elle n’oſeroit me l’apprendre,
Et me le voudroit faire entendre ;
Ainſi ſon esprit ſouffre en ce triſte debat.

L’amour, et la douleur, auecque la contrainte
Cauſent dedans ſon cœur vne mortelle atteinte :
Ouy malgré les vœux, & ſermens,
Que i ay fait pour toy, ma Deeſſe,
Ie ſens que ſont tourment me bleſſe,
Sans des amoureux ſentimens ;
Mon cœur meurt de compaſſion
Pour cette adorable affligée,
Mon ame ſe ſent obligée
De luy donner des traits de ſon affection.

Diane, ie le puis, ſans te faire vne offence,
Ie dois à ſon amour ce peu de recompence :
Car enfin, ſi ie meurs pour toy,
Ce n’eſt pas me rendre pariure,
Ny te vouloir faire vn iniure
De ne pas violer ma foy :
Deeſſe, crois que tes rigueurs
Me ſont beaucoup plus aggreables,
Que les beautez les plus traittables ;
Puiſque i’adore encor l’obiet de mes langueurs.

Mais Sthenobée enfin, tu demandes ma vie,
Lorsque Diane veut qu’elle me ſoit rauie :
Et pourquoy veux tu diſputer
Le prompt Arreſt de cet Oracle ?
Pourquoy voudrois tu m’eſtre obſtacle
A ce que ie veux accepter ?