Page:Pascal - Les lettres de Blaise Pascal, edition Beaufreton, Crès 1922.djvu/23

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Venons aux objections que vous avez mises en la page 30 et 3i, contre vos sentiments. Je dis que la première est très considérable. En effet, cette proposition, qu’un espace est vide, prenant le vide pour une privation de tout corps, non seulement répugne au sens commun, mais de plus se contredit manifestement elle dit que ce vide est espace, et ne l’est pas. On présuppose qu’il est espace or s’il est espace, il n’est pas ce vide qui est privation de tout corps, puisque tout espace est nécessairement corps qui entend ce qui est corps, entend comme corps un composé de parties les unes hors les autres, les unes hautes, les autres basses, les unes à droite, les autres à gauche, un composé long, large, profond, figuré, grand ou petit et qui entend ce qui est espace comme espace, entend, quoi qu’on dise, un composé de parties, les unes hors les autres, basses, hautes, à gauche, à droite, d’une telle longueur, largeur, profondeur, figuré entre les extrémités dont il est intervalle de sorte que l’espace ou intervalle n’est pas seulement corps, mais corps entre deux ou plusieurs corps. Si donc, par ce mot vide, nous entendons une privation de tout corps, ce qui est le sens de l’objection, cette présupposi-