Page:Passerat - Chant d’allégresse, 1564.djvu/15

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A TROIE.

Le retire laué hors de londe marine,
Telle ou plus belle encor eſt noſtre
catherine.
C’eſt par ſon bon conſeil que maintenant les Lois
Commandent es cités de Charles de Valois :
C’eſt elle qui nous tient aſſurés en nos villes :
Qui a eſtaint les feus de nos guerres ciuiles :
Qui a chaßé d’ici l’Anglois outrecuidé :
Qui a remis le frein au peuple desbridé :
Berecynthe en honneurs & Minerue en Prudence :
Qui fait que l’âge d’or au monde recommence.
Ces propos ſont tenus du peuple auẞi ioïeus
Que ſi en ſa cité deſcendoient tous les dieus.
La ſuite des Seigneurs regarde émerueillée
Quelle magnificence y est appareillée :
Les ſtatües des Rois, qui en guerre, & en pais,
Ont laiẞé immortel le renom de leurs faits.
Leſquels, preſque parlans, nôtre
Charles inuitent
A prendre le chemin du ciel ou ils habitent,
Sus vn arc triomphal ils regardent ici
Du tonnant Iuppiter la mere & fille außi.
Là voïent les Vertus d’or luiſant estoffées.
Enceinte de ſoldats chargée de trophées,
Faiſant craindre de loin ſa graue maieſté,
La France lon contemple en vn autre côté.
Mais ſur tout les retient la ferme Pyramide,
Dont la pointe ſ’éleue au plus haût de l’ærvuide.
Voici (miracle grand) voici du ciel voler
Vne pucelle au Roi, qu’on oit ainſi parler.