Page:Pastoret - Ordonnances des rois de France de la troisième race, tome 19.djvu/27

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xxiv

PREFACE.

beaucoup. Lactance accuse vivement ce prince (a). Constance, à qui Maximien avoit confié le gouvernement des Gaules, ne mérita pas uni semblable reproche. Eusèbe dit (b) qu’au lieu d’accumuler dans le trésor public des richesses inutiles, il les laissoit dans les mains du peuple pour diminuer sa misère. Dioclétien ne pouvoit approuver une conduite si éloignée de celle que lui inspiroit son avarice. Des députés vinrent de sa part reprocher au gouverneur des Gaules un désintéressement qu’ils regardoienr comme nuisible à l’état. Celui-ci rassembla autour de lui les habitans les plus riches des différens cantons, et, supposant alors que l’empire avoit des besoins pressans, il les invita, au nom de l’attachement qu’ils lui portoient, à lui procurer tous les secours possibles : la proposition fut accueillie avec empressement, et le trésor public se trouva bientôt rempli. Le gouverneur pria les envoyés du prince de lui en rendre un compte exact. « Depuis long-temps, ajouta-t-il, ces trésors m’appartenoient, mais j’en confiois la garde à ces honnêtes citoyens ; vous voyez qu’ils sont de fidèles dépositaires. « Les députés retournèrent vers Dioclétien, et Constance , rappelant les hommes généreux qu’il avoit trouvés si empressés à le servir, les remercia de leur zèle, et leur rendit toutes les richesses qu’ils lui avoient offertes.

De l’Impôt dans les Gaules sous le règne de Constaiîtin. Constance avoit obtenu le gouvernement des Gaules en devenant césar, l’an,3.92 de J. C. L’an 305, il fut déclaré auguste, mais il ne conserva par long-temps ce titre suprême : sa mort le fit passer, l’année suivante, à Constantin, son fils. Celui-ci étant venu, quelques années après, dans le pays d’Autun, y trouva beaucoup de malheur et d’indigence, l’énormité des impositions en étoit la cause ; le prince se fit un devoir de les réduire. Ce n’est pas que ce canton en supportât plus que le reste de la Gaule ; Eumène, dans les actions de grâces qu’il alla rendre à l’empereur, à Trêves, au nom de ses compatriotes, l’avoue lui-même, et en fait un éloge de plus pour Constantin (c). Rappelant ensuite la misère des peuples : « La terre, dit-il, n’enf^ntoit pas de quoi dédommager des dépenses de la culture ; » ces plaines, jadis fécondes, ces riches vallées, n etoient plus que des » marais ou des étangs ; le laboureur se refusoit à un travail dont le » fisc eût dévoré le produit. »

Eumène célèbre de nouveau la bienfaisance de Constantin. Ce prince avoit remis tous les impôts que la cité d’Autun lui devoit depuis le commencement de son règne, et il étoit sur le trône depuis cinq ans (d), espace qui étoit devenu une mesure pour la (a) De morte persecutorum, chap. vu. (c) Chapitre v. (b) Vie de Constance, liv. XIV. (d) Chapitre xtn. fiscalité.