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PRÉFACE.

xxix

De l’Impôt dans les Gaules depuis la mort de Constantin jusquà la première race de nos Rois.

Constantin mourut en 337, et ses trois fils se partagèrent l’empire. Celui qui portoit son nom eut les Gaules ; mais, dès la troisième année de son règne, tué dans un combat, il ies laissa au vainqueur, Constant, son frère. Sous celui-ci, la capitation ne fut pas également supportée par tous les citoyens. Une loi du 30 juin 343, adressée à Titien, qui exerçoit dans les Gaules la préfecture du prétoire, appelle cet impôt plebeia capitatio (a). Pourtant, dans cette loi même, on veut le faire supporter, en certains cas, à des hommes d’un rang élevé, à tous les comtes et présidens qui auront obtenu ces dignités par des suffrages : Plebeiam sustineant capitationem, ne commoda publica sub umbratili suffragiorum pactione lacerentur (b). Les maux que produisit la capitation ne firent que s’accroître, et il seroit difficile d’exprimer à quelle misère le peuple des Gaules étoit réduit quand Julien y arriva. Un usurpateur, Magnence (c), avoit même osé demander aux Gaulois la moitié de leurs biens, autorisant les esclaves à dénoncer leurs maîtres. II en força d’autres à acheter les terres du domaine, quoiqu’elles leur fussent très-inutiles. C’étoit en 351 ou 352. Bientôt après, en 358, Julien se livra tout entier à la réparation de ces maux (d) ; mais il n’étoit encore que césar, et Constance n’avoit pas terminé son règne. Florentius exerçoit la préfecture du prétoire ; il voulut, de son côté, augmenter la capitation, qu’il ne trouvoit pas avoir assez produit, et y ajouter une subvention extraordinaire : Julien déclara qu’on lui ôteroit la vie avant qu’il le permît. Joignant ensuite la douceur à la fermeté, il descendit dans les détails les plus minutieux de toutes les dépenses nécessaires, et prouva, non-seulement que les sommes exigées d’abord étoient suffisantes, mais quelles excédoient les besoins. L’avidité ne fut pas ébranlée par les démonstrations de Julien. H faut voir avec quel juste mépris ce prince en parle dans une lettre à Oribase, son médecin (e) : (a) Dom Bouquet la rapporte, d’après

leCodethéod.,t.I.erdeson Recueil, p. 747· (b) Pour faciliter l’intelligence de cette loi, il est nécessaire de rappeler que les comtes, d’abord conseillers intimes de

l’empereur, devinrent peu à peu des officiers du prince chargés d’une fonction civile ou d’administration. Jusqu’alors, on n’employa jamais leur titre de cornes sans le lier au nom du souverain qui les avoit appelés auprès de sa personne, cornes Augusii, comes Vespasiam. Ils accompagnoieut le prince, et l’éclairoient souvent de leurs conseils. Dans la suite, 011 prononça ce nom d’une manière absolue.

Ce changement est attribué à Constan¬

tin ( voir Eusèbe, ch. i.er, p. 527). Il y avoit, à cette époque, trois classes de comtes, comes domesticus ordinis primi, ordinis secundi, &c. Chargés de l’administration intérieure d’un district, ils ressortissoient aux gouverneurs.

(c) Il s’éroit fait proclamer empereur, à Autun. Zozime, liv. II, p. 693.

(d) Ko/r A mm. Marcel I., 1.x vu et xvm. (e) Lettre XVII, p. 134.