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LA CATASTROPHE

allumé. Celui du traître ne s’y trouvait pas. À peine, d’ailleurs, s’il en reconnaissait un de-ci delà appartenant à un des habitués de l’Union. Dans les conférences de la Tolstoï, vingt-cinq lettres d’invitation étaient mises à la disposition de chacun des membres du Comité. Riouffol s’était chargé de distribuer, avec les siennes, celles de Pons et de Boisselot. Il avait recruté ainsi, dans les petits centres anarchistes où il fréquentait, soixante-quinze « compagnons », bien décidés à exécuter son mot d’ordre et à ne pas permettre que « le dénommé Chanut tînt le crachoir à la Tolstoï », pour parler comme l’électricien. En outre, Riouffol, Pons et Boisselot pouvaient compter dans l’Union même, en vertu du principe de recrutement, sur autant d’acolytes environ. On se rappelle que chacun des membres du Comité primitif, dont ils étaient, avait eu le droit d’introduire dans la Société vingt-quatre adhérents. Bref, ils avaient à leur disposition près de cent cinquante braillards, au lieu que Jean et Rumesnil, pour les raisons que l’on sait, s’étaient à peine occupés de placer leurs lettres. Le groupe des partisans de l’abbé Chanut et de sa conférence se trouvait donc presque réduit aux amis et aux invités de Crémieu-Dax et du huguenot Bobetière. C’était une minorité capable seulement d’ajouter encore par sa résistance au tumulte que la bande à Riouffol se préparait à provoquer, et, avant même que Crémieu-Dax et ses suivants eussent achevé de monter l’escalier, un incident annonça cette lutte imminente entre les