Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/113

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Je voudrais bien donner un spécimen de la langue barbare de ce peuple s’il était possible, par quelques combinaisons de notre alphabet ; je voudrais représenter les sons horribles, durs, brisés qui sortent de leur gosier, et qui semblent n’être transmis ni par la langue ni par les lèvres. On n’est jamais parvenu à parler cet idiome barbare ; il faut pour cela avoir ce sang-là dans les veines. Les Chinooks ont cependant réussi, par suite de leurs rapports avec les marchands anglais et français, à amalgamer, d’une certaine manière, quelques mots de chacune de ces langues avec la leur, et à former une sorte de jargon, certainement assez barbare, mais encore suffisant pour les mettre en état de communiquer avec les marchands. Ce jargon, je fus à même de l’acquérir en peu de temps, et je pus converser tant bien que mal avec la plupart des chefs. Leur salutation ordinaire est clak-hoh-ah-yah dont l’origine est, je crois, celle-ci : ils entendirent dans les premiers temps du commerce des fourrures, un gentleman nommé Clark fréquemment abordé par ses amis avec ces mots : Clark, how are you ? (Clark, comment allez-vous ?). Aujourd’hui cette salutation s’applique à tout homme blanc, la langue indienne ne fournissant pas d’expression convenable. Cette langue a encore cela de particulier qu’elle ne contient ni jurements ni aucun mot exprimant gratitude ou remercîments.

Les vêtements des Chinooks sont extrêmement sales, ils sont eux-mêmes couverts de vermine ; un de leurs principaux amusements consiste à se prendre les poux sur la tête, les uns des autres, et à les manger. Demandant un jour à un Indien pourquoi il les mangeait, il me répondit que c’était parce qu’ils le piquaient et