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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

Les racines rôties de la fougère, qui parviennent ici à une grosseur considérable, composent, avec les camas et les evappotoos, les seuls légumes dont usent les Indiens.

L’esclavage, sous sa forme la plus barbare, règne parmi les Indiens sur la côte de la Californie jusqu’au détroit de Behring ; les tribus les plus fortes soumettant leurs voisines quand elles le peuvent. À l’intérieur, où il y a peu de guerres, il n’y a pas d’esclaves. Il existe sur cette côte une coutume qui autorise à saisir et à réduire en esclavage tout Indien rencontré à une certaine distance de sa tribu, à moins que ses amis ne le rachètent. Le maître a droit de vie et de mort sur ses esclaves, qu’il sacrifie à son gré pour obéir à quelque superstition ou à tout autre motif.

Un matin, je vis sur les rochers, abandonné aux vautours et aux corneilles, le cadavre d’une jeune femme que j’avais vue quelques jours auparavant se promener aux environs en parfaite santé. M. Finlayson, le commandant du fort Victoria, m’accompagna à la hutte de la morte, et nous y trouvâmes une Indienne, sa maîtresse, qui apprit sans émotion une mort dont elle était sans doute la cause. Elle nous dit qu’une esclave n’avait pas droit à la sépulture, et elle devint furieuse, quand M. Finlayson lui déclara que l’esclave valait beaucoup mieux qu’elle. — Moi, s’écria-t-elle, la fille d’un chef ne valoir pas même une esclave morte ! Et se rengorgeant avec toute la dignité qu’elle put se donner, elle sortit fièrement. Le jour suivant, elle enleva sa hutte et partit. Un témoin oculaire me raconta aussi qu’un chef, qui avait élevé une idole colossale en bois, lui sacrifia cinq esclaves en les égorgeant sans pitié devant elle. Il demandait avec orgueil quel autre que lui pourrait tuer tant d’esclaves.