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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

constamment en rond énorme, et creusent ainsi des cavités aussi rondes et aussi polies que l’intérieur d’une chaudière de fer. Le village contient environ cinq cents habitants, nommés dans leur langue Chualpays. Ils diffèrent peu des Wallas et construisent leurs huttes en étendant des paillassons en roseaux sur des pieux. Le plancher se compose de bâtons et s’élève à trois ou quatre pieds du sol, laissant un espace complètement ouvert qui leur sert de cave fraîche, aérée et sombre pour mettre sécher le saumon.

Deux chefs gouvernent cette tribu : Allam-Mak-Hum-Stole-Luch, « chef de la terre. » Celui-ci exerce un grand pouvoir sur la tribu, excepté en ce qui concerne la pêche, dont le contrôle spécial appartient à See-Pays, ou le « chef des eaux. » Il dispense sévèrement la justice et punit avec rigueur, chez ses sujets, le vol ou la tromperie. Il sévit, autant qu’il le peut, contre le jeu ; il pousse la sévérité jusqu’à priver les joueurs heureux de la part annuelle de poisson que le chef des eaux distribue à tous. Toutefois, la passion du jeu n’en continue pas moins, et pendant mon séjour, j’assistai au suicide d’un jeune homme qui avait perdu tout ce qu’il possédait. Je ferai remarquer ici que les suicides sont bien plus fréquents chez les Indiens de la Colombie que sur tout le reste du continent.

Un événement assez curieux arriva environ un an avant ma venue. Deux sœurs, femmes d’un même individu et jalouses l’une de l’autre, allèrent se pendre dans les bois : on les trouva mortes à des distances très-éloignées, ignorant leur projet commun.

Le principal jeu que l’on joue ici se nomme al-kol-cock, et exige beaucoup d’adresse. On choisit un terrain uni et plat ; à chaque bout on place une barrière