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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.
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doutons de la possibilité de les franchir. Même dans les profondeurs, nous avançons lentement, cherchant notre route avec de longs bâtons pour nous assurer de la glace ; précaution nécessaire, car il y a souvent des couches qui se forment au dessus du courant ordinaire de l’eau et qui cèdent facilement ; le voyageur tombe ainsi ou dans le torrent au-dessous ou sur un autre plan de glace. Ces dangereux endroits proviennent des blocs qui s’amoncellent contre les rochers ou à quelque tournant de la rivière ; leur masse arrête ainsi l’eau au-dessus de laquelle se forme une mince couche gelée. Aussitôt que le poids de ce qui s’amasse devient trop lourd pour la digue, elle se brise et l’eau coule, laissant la couche de dessous sans soutien. Quand la neige recouvre cette couche, on ne peut la distinguer de la bonne glace, sans la tâter avec un bâton.

Nous n’avions pas fait une longue marche qu’un des hommes tombe dans un de ces trous ; heureusement il ne descend pas jusqu’à l’eau et nous le retirons rapidement. Nos chiens deviennent à peu près inutiles, ils ne peuvent enlever le traîneau sur la surface rugueuse de la glace ; nous le poussions derrière eux avec nos bâtons et souvent nous montons et descendons chiens et traîneau le long des parois de glace perpendiculaires (appelées bourdigneaux par les voyageurs) qui interceptent sans cesse notre marche. À cet endroit, il était impossible de quitter la rivière, tant le sol aux environs était déchiré. La forêt était elle-même si fourrée et si touffue que nous serions morts de faim longtemps avant d’en sortir. Une heure avant le coucher du soleil, je m’embourbai moi-même, et ce fut avec les plus grandes peines que j’évitai d’être enlevé