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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

Nous galopâmes tout le jour d’un formidable train, stimulés par la faim, et nous arrivâmes vers la brune à la cache. Jemmy y courut sans retard ; elle était faite de bûches rapprochées, et construite à peu près comme une hutte, mais assez écartées. Il commença par écarter et rejeter les bûches ; il entendit alors un bruit singulier à l’intérieur, et m’appela en me disant de chercher les fusils. Quand je revins, il découvrit une partie de la toiture, et une grasse et belle louve s’en élança ; je la tuai immédiatement. Cet animal, qui était alors vraisemblablement affamé, avait pu s’introduire à travers les ouvertures des bûches, attiré sans doute par l’odeur des viandes ; sa maigreur lui avait permis de prendre peu de souci de l’étroitesse des interstices ; cependant, une fois entrée, et après une bonne nourriture, la louve ne put plus sortir, et l’idée de se laisser maigrir par la faim devant la viande qui restait ne la préoccupait en aucune façon. Grand désappointement pour nous ! car nous ne trouvâmes que très-peu de viandes, et encore mutilées, arrachées et éparpillées dans la poussière par la louve. Nous nous arrangeâmes cependant de ses restes, et nous en mîmes de côté, mais si peu, qu’au lieu de prendre du bon temps en route, comme nous y comptions, nous dûmes galoper aussi vite que possible.

Le jour suivant fut encore plus pénible, car nous eûmes tout le long de la journée une neige épaisse qui nous frappait le visage. Nous la traversâmes bravement et finîmes nos provisions entre le souper et le déjeuner du lendemain ; enfin, dans l’après-midi du troisième jour, nous atteignîmes Edmonton avec deux chevaux seulement ; les autres étaient crevés de fatigue ou laissés en arrière.