Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jeunes. Il me dit plus tard qu’il avait tué les deux jeunes d’un seul coup pendant qu’ils grimpaient sur le dos l’un de l’autre pour monter sur une berge. Les oursons nous font grand plaisir à manger, car nos provisions fraîches sont depuis longtemps épuisées.

24 octobre. — Passé les rapides de la Mort. Les hommes ont de grandes difficultés à enlever le bateau ; quant à nous, il nous faut marcher. Tous les étangs et les eaux tranquilles sont assez gelés pour nous supporter. La rapidité du courant empêche seule la rivière de prendre. Un petit sac contenant des baies de sasketome a été volé, et on le retrouve dans le bagage d’un des hommes. M. Gillveray, un des plus solides de la troupe, est appelé pour administrer un châtiment, et il y procède en donnant une affreuse volée au délinquant ; le fait méritait punition, car les plus terribles conséquences résulteraient du vol des provisions dans un voyage à travers ces régions désolées.

28 octobre. — Nous passons l’embouchure de la rivière du Vieil-Homme. Les Indiens disent qu’un mauvais esprit descendait un jour cette rivière qui est si rapide qu’un canot ne peut la remonter. Parvenu à son embouchure, là où elle entre dans l’Athabasca, il fit cinq enjambées pour la descendre, laissant un rapide à chaque pas ; ces rapides sont à un mille les uns des autres. La rivière devient si basse qu’il nous faut deux fois décharger les bagages.

29 octobre. — Je monte sur la berge, qui est très-élevée, et je vois pour la première fois la sublime et en apparence interminable chaîne des montagnes Rocheuses ; c’est à peine si on peut découvrir leur silhouette à travers l’atmosphère fumeuse des prairies sans cesse enflammées à cette époque de l’année.