Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

aux hommes qui n’en ont pas, le temps de faire des raquettes à neige. De là nous renvoyons les chevaux avec tout ce dont nous pouvons nous passer. Nos provisions et nos couvertures suffisent à charger les hommes ; quelques-uns même d’entre eux, nouveaux dans le pays, sont si fatigués de leur route depuis Montréal, qu’ils deviennent tout à fait inutiles.

11 novembre. — Nous envoyâmes en avant deux hommes expérimentés pour frayer le chemin aux nouveaux arrivés, et nous reprîmes l’usage des raquettes à neige ; quelques hommes réussirent d’abord très-mal à s’en servir, et leurs raquettes faites de la veille retardèrent notre marche. Les miennes me venaient des Indiens et elles ne me gênaient nullement. Mme  Lane en avait prudemment apporté une paire avec elle, et comme elle y avait été habituée dès l’enfance sur la rivière Rouge, elle fut une de nos meilleures marcheuses. Nous nous arrêtâmes de bonne heure, faisant notre premier campement d’hiver proprement dit. On ne peut en agir ainsi, que lorsque la neige est assez épaisse pour ne pas pouvoir s’enlever jusqu’au sol. On reconnaît cette épaisseur aux troncs d’arbres coupés précédemment à son ancien niveau pour des feux d’anciens camps. À l’heure présente, ils s’élevaient à douze ou quinze pieds au-dessus de notre tête, et la neige s’élevait à neuf ou dix pieds au-dessous. Quelques-uns des vieux voyageurs s’amusaient à dire aux novices que les Indiens, dans ces contrées, étaient des géants de trente à quarante pieds, ce qui expliquait les arbres coupés si haut.

Il faut piétiner longtemps avec les raquettes l’endroit choisi pour camper, afin de bien battre la neige. On met alors en travers cinq à six poutres de bois