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de la seine à la volga

aux Russes ; aucun tunnel ne troue encore les Pyrénées centrales, cette chaîne sœur du Caucase.

À la station de Balla, on tombe brusquement dans la plaine russe, tout change d’aspect, c’est la fin de l’Asie et le commencement de l’Europe.


à l’hôpital

Vladikavkas est une jolie ville de quinze à vingt mille âmes, bâtie sur les deux rives du Térek. La vue splendide qu’elle offre sur le Caucase me rappelle, avec plus d’ampleur, le panorama des Pyrénées, contemplé de la plaine de Tarbes.

Je me traîne, épuisé, jusqu’à l’Hôtel de France, dans l’espoir, bientôt déçu, d’y trouver quelqu’un qui parle français ; puis, étendu sur un lit, je songe avec mélancolie, non plus à mon pied gauche, d’où une marche prolongée a chassé la douleur, mais à la fièvre qui me brûle de plus en plus ; on m’annonce la visite du prince Dolgoroukof. Dans le français le plus correct, il m’explique qu’il fait en ce moment un stage, en qualité d’officier de réserve, dans l’armée russe. Il a lu dans les journaux le récit de mon voyage et, apprenant mon arrivée à Vladikavkas, vient me demander si j’ai quelque désir à exprimer. Je le remercie de cette marque de bienveillance qui me touche profondément, dans l’isolement où je me trouve.

Mardi 25 août. — Le prince Dolgoroukof vient me proposer d’aller visiter le camp au sud de la ville, d’assister aux manœuvres des dragons du Caucase et des Cosaques