Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ne me grondez pas, ma mère ; une autre fois je serai plus fin.


À quelque temps de là, sa mère lui dit de prendre un broc et de monter des noix au grenier[1].

Jean comprit qu’on lui ordonnait de prendre sa fourche pour monter les noix au grenier, mais les noix passaient entre les dents écartées de son bro, et il ne put parvenir à en mettre une seule à l’endroit qui lui était désigné. Il essayait de son mieux, et il se donnait beaucoup de mal ; il se colérait si fort qu’il suait à grosses gouttes. Pour se rafraîchir, il prit une écuelle et alla tirer du cidre ; mais il oublia de remettre le petit fosset[2], et le cidre se mit à courir. Pour l’étancher, Jean ne trouva rien de mieux que d’appuyer contre le trou un sac de farine qui ne tarda pas à être traversé par le liquide et fut perdu.


La mère de Jean le Fou l’envoya au marché vendre un cochon.

  1. En patois gallot, bro signifie à la fois broc et fourche à deux dents, le c final disparaissant dans la prononciation paysanne.
  2. Petit morceau de bois qui bouche le trou fait au tonneau pour goûter le cidre.