Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/121

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Et Jean s’en revint, les mains dans ses poches, avec une parfaite tranquillité.

— Où est le trépied ? lui demanda sa mère.

— Comment! il n’est pas encore ici ? Il se sera amusé en route, et je suis surpris qu’il ne soit pas arrivé, puisqu’il a trois pieds, un de plus que moi ; je lui avais pourtant bien indiqué la route.

— Le trépied est perdu ! Jésus ! que ce garçon est innocent de parler à un morceau de fer, au lieu de prendre son bissac et de le fourrer dedans pour le porter commodément sur l’épaule !

— Bien, se dit le gars ; je saurai une autre fois comment m’y prendre.


Quand vint le temps de la récolte, on eut besoin à la ferme d’un van pour nettoyer le blé. Jean fut chargé d’en acheter un.

Il se rappela les recommandations de sa mère, et dès qu’il fut sorti de la boutique du vannier, il essaya de faire entrer le van dans son bissac, qu’il avait apporté tout exprès ; mais comme il ne pouvait parvenir à l’y introduire, il prit son couteau et coupa le van en plusieurs morceaux, qu’il plaça soigneusement dans son bissac.

Quand sa mère le vit déposer devant elle, avec un air de contentement, les débris du van, elle poussa de grands soupirs et lui reprocha encore sa simplicité en disant :