Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Deux cents francs.

— Deux cents francs ! disaient les maquignons en haussant les épaules ; c’est un cheval qui ne vaut que l’argent de sa peau.

Voyant qu’à Saint-Aubin il ne trouvait pas à vendre son bidet, il le conduisit à Rennes, où il espérait s’en défaire plus avantageusement.

Mais on ne lui en offrit que quatre pièces de cent sous, et il finit par le donner pour ce prix.

À la foire suivante, il acheta pour quarante écus un cheval assez bon ; le marchand le lui livra, mais garda la bride, que Jean avait oublié de réclamer en concluant le marché.

Jean fit sortir le cheval du champ de foire en le tirant par la crinière ; mais arrivé sur la route, il se mit à réfléchir au moyen de l’emmener plus commodément.

— Ma foi, dit-il, c’est bien simple pourtant : je vais lui passer mon bâton dans les oreilles ; c’est ainsi que j’aurais dû faire l’autre jour, à ce que m’a assuré ma mère, quand je suis allé chercher le van.

Il essaya d’introduire son bâton dans les oreilles du cheval ; mais l’animal, qui était vigoureux, ne se laissa pas maltraiter. Il se cabra, rua, et finit par s’enfuir au galop, laissant son nouveau maître tout penaud.

Il vint raconter sa disgrâce à sa mère.