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— Montre-moi le petit sac de cuir que je t’ai apporté hier.

— Tu ne m’as rien apporté.

— Si, je t’ai donné un petit sac en cuir.

— Un petit sac en cuir ? Quel jour donc ?

— Tu ne te rappelles plus ? C’est le jour où j’ai pondu deux œufs, et où il a tombé du lait-ribot.

— Vous voyez bien qu’il est fou, dit la bonne femme.

Le monsieur crut que le cantonnier avait adioté[1], et la bonne femme a eu la bourse.

(Conté en 1879 par Élisa Durand, de Saint-Cast.)


J’ai recueilli a Ercé une autre version de ce conte, où il est question d’un journalier qui trouve un trésor et qui le garde par l’adresse de sa femme ; celle-ci lui fait accroire qu’il a pondu un œuf et qu’il a plu de la saucisse.

Un des épisodes du très-curieux conte de Sachuli l’innocent, recueilli par Mademoiselle Maive Stokes (Indian Fairy Tales, Calcutta, 1879), montre la mère de Sachuli semant des confitures sèches autour de sa maison, afin que lorsqu’on interrogera son fils, qu’elle sait faible d’esprit, sur un vol qu’elle a commis, il réponde que c’était le jour où il a plu des confitures. La ruse réussit en effet. Mademoiselle Stokes, dans le commentaire de ce conte, cite un récit publié dans Pall Mall Budget (numéro du 12 juillet 1878, Wild life in southern Country), où la mère d’un garçon innocent, désirant discréditer par avance son témoignage, monte

  1. Perdu la tête.