Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je n’y ai jamais pris garde ; mais je sais bien qu’il a aux mains des griffes pointues.

Quand la Hourdine vit son galant arriver le soir, elle ne manqua pas d’aller lui regarder les pieds ; elle les toucha même de ses doigts et vit qu’ils étaient difformes.

Le monsieur lui dit :

— C’est Lechien — ainsi se nommait le recteur — qui t’a ordonné de me regarder les pieds ?

Et il se mit à la battre, et lui jura que si elle laissait encore quelqu’un venir dans sa maison, ce serait pour elle un malheur.

La Hourdine alla dès le matin raconter tout au recteur, et, le soir arrivé, il vint à la maison de la fille avec deux autres prêtres, et passa son étole au cou du diable ; mais celui-ci mit en pièces toutes les étoles de la paroisse et battit les deux prêtres. Il ne restait plus qu’une étole : c’était celle d’un jeune vicaire qui était un petit saint homme ; le diable ne put la déchirer, et la fille fut délivrée ; mais le diable, en s’en allant, emporta plus de la moitié de la maison. Depuis ce temps on a essayé de la rebâtir ; mais les pierres ne tenaient pas l’une sur l’autre.

Le recteur dit à la Hourdine, quand elle fut délivrée :

— Tâche de ne pas recommencer : si tu te donnais au diable une seconde fois, tu resterais