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tu veux, je vais me donner à toi, et au bout de dix ans tu m’emporteras.

Ils s’arrangèrent ensemble moyennant cent mille francs, avec lesquels le petit bonhomme pouvait, disait-il, vivre de ses rentes.

Il travaillait pourtant quelquefois, mais à ses heures. Un an se passe, puis deux, puis trois, et bientôt les dix années furent écoulées, et il ne pensait plus que le temps était bientôt arrivé.

Voilà le diable qui vient à la maison du bonhomme :

— Je viens te chercher, Misère.

— Tu vas bien me donner le temps de boire une moque, dit Misère, et tu vas venir avec moi.

Misère avait eu la malice de construire un four, et le diable et lui allèrent s’amuser dedans à faire des tours de force ; quand le bonhomme vit que Satan était plus malin que lui, il dit :

— Faisons un autre jeu, si tu veux. Tu es puissant, puisqu’avec ta fourche tu remues comme braise les gens en enfer. Voici une petite boîte dans laquelle je mets mes clous ; nous allons les tirer, et quand ils seront ôtés, je parie ce que tu voudras que tu n’es pas capable de te fourrer dedans.

— Ce n’est pas grand’chose à faire, dit le diable.

Il se mit dans la boîte, et quand il y fut, Misère replaça le couvercle si doucement que le