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contes populaires

Barbe-Rouge, pendant ce temps, aiguisait son sabre en répétant :

    J’aiguise, j’aiguise mon couteau,
    Pour tuer ma femme qu’est en haut.

— Es-tu prête, Jeanne-Marie ? lui cria-t-il.

— Non, je n’ai encore mis que mon cotillon de dessous.

Quelques instants après, son mari, tout en répétant :

    J’aiguise, j’aiguise mon couteau,
    Pour tuer ma femme qu’est en haut,

lui demanda pour la seconde fois si elle était habillée.

— Non, dit-elle, je suis à chausser mes bas.

— Es-tu prête ? répéta-t-il au bout d’un quart-d’heure.

— Non, je peigne mes cheveux.

Une demi-heure après, Barbe-Rouge s’écria :

— Mon couteau est bien affilé ; descends, ou je vais te chercher.

— Attendez encore un peu ; je vais prendre ma grande coiffe.

Comme elle y attachait des épingles, elle regarda par la fenêtre, et vit sur la route plusieurs hommes à cheval auxquels elle fit des signes.