Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

devant lui. La pauvre princesse monta à sa chambre et se mit à pleurer ; mais comme on lui rappelait l’ordre de son père, elle essuya ses larmes, et ayant fait un paquet de ses plus belles robes et pris ses bagues, elle se hâta de s’éloigner du château où elle était née.

Elle chemina tout droit devant elle, et sans trop savoir ce qu’elle allait devenir, car elle ne connaissait aucun métier, et tout son savoir se bornait à quelques recettes de ménage et de cuisine que sa mère lui avait apprises. Et comme elle craignait que sa jolie figure ne l’exposât aux entreprises des méchants garçons, elle résolut de se rendre si méconnaissable et si laide, que personne ne fût tenté de lui faire la cour.

Elle échangea la robe qu’elle portait contre les haillons usés et rapiécés d’une vieille mendiante, et cacha, dans un morceau d’étoffe grossière, les beaux habits qu’elle avait emportés. Elle se barbouilla la figure et couvrit de boue ses mains blanches ; pour compléter son déguisement, elle laissa pendre ses cheveux ébouriffés, et quand elle voyait quelqu’un, elle remuait les épaules, comme font les pauvresses que dévore la vermine.

Ainsi déguisée, elle allait se proposer pour garder les oies ou les moutons ; mais les fermières refusaient les services d’une fille aussi mal-