Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/40

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cile à croire. Paschino faisait une tournée dans la province.

Étant obligés de renoncer à voir ces acteurs spirituels qui reproduisent les mœurs du peuple, nous prîmes le parti de rendre une visite au peuple lui-même. Un matin après déjeuner, nous sortîmes par la porte Maqueda, en passant devant le consulat de France, et nous nous enfonçâmes dans un quartier peu connu qu’on appelle le Borgo, où demeurent les mariniers et les pêcheurs. On y rencontre à chaque pas des figures un peu farouches, mais belles et de nature à frapper vivement l’imagination d’un peintre comme Léopold Robert. Les habitants du Borgo portent une veste ronde en velours vert appelée bonacca, et à laquelle ils doivent leur nom de bonacchini, qui répond à peu près à celui de lazzaroni. Le bonacchino est moins aimable, moins insouciant et moins gai que le lazzarone ; mais il a plus de noblesse d’âme, autant d’intelligence et autant de goût pour la musique, la poésie et les récits merveilleux. Son délassement pré-