Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 74 —

demoiselle me répond en allemand. Il ne reste plus que le langage par signes. C’est alors que je reconnais combien il est utile de voir des ballets pantomimes. À force de me démener comme les jeunes premiers du théâtre San-Carlo, je viens à bout de formuler ces questions importantes : « Vous avez du chagrin ? Vous pleuriez hier en partant ; vous regrettez donc Naples ? » Elle me répond dans la même langue : « Je suis au désespoir d’aller par là, du côté de Rome. Mon cœur est déchiré. Ce que j’aime est par ici, déjà bien loin, du côté de Naples. Mes yeux ne le reverront plus ; mes supérieurs, qui ont la couronne de prince sur le front, me rappellent. Je vais partir avec eux pour Vienne. » Je reprends : « Vous aimez donc beaucoup celui qui est resté par ici ? » Elle rougit. Je poursuis : « Que fait-il ? quel est son état ? » Elle répond : « Il peint. C’est un jeune artiste allemand qui voyage en Italie. » — « Eh bien ! tout n’est pas perdu. S’il vous aime , il saura bien aller vous chercher en Allemagne , et vous vous marierez ensemble. » Elle sourit.