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LE POÈTE-TYPE

la race et qui, toute la journée, s’obstinait à rêver aux étoiles et à célébrer la beauté de sa compagne sur tous les modes, en vers et même en prose car c’était un véritable poète.

Souvent, dans le secret espoir de provoquer une colère imprévue, la femme-échantillon avait affirmé au poète-type qu’elle le trompait avec Hydrogène ; mais le poète-type ne la croyait point parce qu’elle était belle et que le vieil Hydrogène était affreusement laid. La femme-échantillon s’était alors efforcée de lui expliquer les raisons morales qui la poussaient à tromper son poétique compagnon : très réellement, elle ne comprenait rien à la poésie, elle trouvait absolument ridicule cette perpétuelle recherche de l’irréel, elle n’admettait point que l’on put concevoir ce qu’elle appelait des blagues et des contes de fées.

La certitude scientifique d’Hydrogène, son pouvoir effectif et matériel la séduisaient au contraire infiniment : elle eût voulu que son compagnon le poète tuât Hydrogène et s’emparât du pouvoir scientifique. Elle s’efforçait de l’exciter chaque jour davantage contre son rival, mais sans y parvenir. Le poète, en effet, ne la croyait pas ; pour lui, la femme était un être divin, tout de sensibilité, d’intelligence et de beauté, que la nature avait créé pour le comprendre et son caractère chan-