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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

Forts de l’impunité que leur assurait l’entière possession de la quatrième dimension, ils se livrèrent à tous les excès dans leurs nouveaux rêves à trois dimensions. Ils s’amusèrent à heurter de front des trains rapides, lancés à toute vitesse ; ils se jetèrent du haut de monuments élevés, se précipitèrent sur des épées, se firent attacher devant la gueule de canons chargés ; partout ils s’amusèrent à tailler en pièces des armées entières, à demeurer intacts sous une fusillade intense. Parfois, ils se donnèrent l’exquise sensation de pénétrer seuls et sans armes dans les sombres souterrains de châteaux peuplés de fantômes.

Malheureusement, de telles fantaisies n’étaient point sans danger. Ces matérialisations d’objets formés de toutes pièces par la volonté des dormeurs et constitués d’une façon tangible à trois dimensions, devinrent bientôt encombrantes. Au matin, on retrouvait, dans la maison des voyants, tout un amas de wagons broyés, de chairs sanglantes ; parfois aussi les coups de canon ou les fusillades, matérialisés à trois dimensions, atteignaient d’inoffensifs passants et mettaient le feu à des quartiers tout entiers.

On fut donc obligé d’édicter, à cette époque, une sévère réglementation, contre les dormeurs