Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

donner ce conseil. Cette résistance le fâchait, mais il était contraint d’y céder. Cependant sa colique continuant toujours, on lui ordonna de boire des eaux, qui en effet le soulagèrent beaucoup : mais au sixième jour de la boisson, qui était le quatorzième d’août, il sentit un grand étourdissement avec une grande douleur de tête ; et quoique les médecins ne s’étonnassent pas de cela et qu’ils assurassent que ce n’était que la vapeur des eaux, — ici M. Havet ose remarquer qu’il ne sait si ces mots expriment une idée bien nette, de même que ceux qu’on trouve plus bas, ne lui restant plus qu’une vapeur d’eau — il ne laissa pas de se confesser, et il demanda avec des instances incroyables qu’on le fît communier, et qu’au nom de Dieu on trouvât moyen de remédier à tous les inconvénients qu’on lui avait allégués jusqu’alors ; et il pressa tant pour cela, qu’une personne qui se trouva présente lui reprocha qu’il avait de l’inquiétude, et qu’il devait se rendre au sentiment de ses amis ; qu’il se portait mieux, et qu’il n’avait presque plus de colique ; et que, ne lui restant plus qu’une vapeur d’eau, il n’était pas juste qu’il se fît porter le saint sacrement ; qu’il valait mieux différer, pour faire cette action à l’église. Il répondit à cela : On ne sent pas mon mal, et on y sera trompé ; ma douleur de tête a quelque chose de fort extraordinaire. Néanmoins, voyant une si grande opposition à son désir, il n’osa plus en parler ; mais il dit : Puisqu’on ne me veut pas accorder cette grâce, j’y voudrais bien suppléer par quelque bonne œuvre, et ne pouvant pas communier dans le chef, je voudrais bien communier dans ses membres. »

J’aurais à ne pas lire, mon ami, la fin de ce para-