Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/380

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— Vous voyez bien, s’écria mon cousin triomphant, ça y est. Non seulement l’union, mais l’unité. Il y a des militants qui s’imaginent en province que nous manquons d’unités. Nous en avons plusieurs. Nous en avons de trop. Pendant que mon petit cousin attaquait sottement le Comité général, nous les guesdistes nous en réclamions un deuxième. Quand on prend du Comité général — — Oui le citoyen Zola disait éloquemment : l’unité est en marche, et rien ne l’arrêtera.

— Monsieur, fit remarquer Pierre Deloire, le citoyen Zola n’a pas parlé de l’unité, mais de la vérité. Il a dit : la vérité est en marche, et rien ne l’arrêtera. Quand ce grand citoyen prononçait ces paroles mémorables, il ne prévoyait pas que d’ingénieux dreyfusards jetteraient l’amnistie dans les jambes de la vérité.

— Oui, dit mon cousin, ça retarde la marche, une amnistie.

— Ce n’est pas le citoyen Zola, c’est le citoyen Léon Blum qui a écrit en manière de conclusion —

— L’un vaut l’autre, tous les citoyens se valent.

— Tous les citoyens se valent. C’est le citoyen Léon Blum qui a écrit en manière de conclusion. Reprenant le livre :

Malgré toutes les réserves incluses dans cette phrase, le Parti ouvrier, lui aussi, parlait donc non plus d’union, mais d’unité. En dépit des fautes, des rancunes, des violences, l’unité socialiste était en marche.

Monsieur, j’ai un renseignement à vous demander.

— Faites, répondit mon cousin, je sais presque tout.

— Quand le citoyen Léon Blum écrivait cette conclusion, pensez-vous qu’il était sérieux ?