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pas infatigablement avec eux dans les apothéoses des punchs. Le parti de la souffrance est tout à la joie. Il est donc tout à la dureté. Rien ne rend féroce comme une joie fausse, non fondée. C’est ici proprement le mystère de la représentation parlementaire. Puisque les représentants représentent, et qu’ils sont contents, il faut que les représentés le soient aussi. Puisque la puissance des représentants représente censément la puissance des représentés, il faut que tout des représentants représente les représentés ; le contentement des représentants ne peut représenter que le contentement des représentés.

Quand un misérable ou un ancien misérable conscient fait un livre, il peut faire un Jean Coste.

Sur le réalisme de Jean Coste on ne saurait mieux dire que n’a dit M. Sorel, — un article du Mouvement Socialiste, reproduit dans le huitième cahier de la troisième série, — et je me suis moi-même expliqué plusieurs fois. Bien lu, le Jean Coste est rigoureusement réaliste. Quand on a dit : C’est trop noir, on ne voulait pas seulement dire : C’est trop noir ; on entendait, ce qui est au moins aussi important : Avec des noirceurs qu’on mettrait, tout le monde pourrait en faire autant. — Qu’on se détrompe. Ce n’est pas avec du noir étalé romantiquement sur du noir que l’on fait un Jean Coste ; rien n’est aussi éloigné qu’un Jean Coste du romantique et du mélodramatique ; rien n’est aussi difficile à faire qu’un Jean Coste ; c’est une erreur d’art grossière que de s’imaginer qu’il faut et qu’il suffit de fourrer du noir pour obtenir un effet de misère ou un effet de tristesse ; il pourrait arriver à Jean Coste un assez grand nombre