Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/174

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Notre socialisme était essentiellement et en outre officiellement une restauration, et même une restauration générale, une restauration universelle. Nul alors ne le contestait. Mais depuis quinze ans les politiciens ont marché. Les doubles politiciens, les politiciens propres et les antipoliticiens. Les politiciens ont passé. Il s’agissait au contraire d’une restauration générale, d’une restauration totale, d’une restauration universelle en commençant par le monde ouvrier. Il s’agissait d’une restauration totale fondée sur une restauration préalable du monde ouvrier ; sur une restauration totale préalable du monde ouvrier. Il s’agissait très exactement, et nul alors ne le contestait, tous au contraire l’enseignaient, tous le déclaraient, il s’agissait au contraire d’effectuer un assainissement général du monde ouvrier, une réfection, un assainissement moléculaire, organique, et commençant par cet assainissement de proche en proche un assainissement de toute la cité. C’était déjà cette morale, cette méthode générale, cette philosophie des producteurs qui devait trouver en M. Sorel, moraliste et philosophe, son expression la plus haute, son expression définitive J’ajoute même que ce ne pouvait être que cela.

Et qu’il ne pouvait nullement, aucunement être question que ce fût rien d’autre. Disons-le ; pour le philosophe, pour tout homme philosophant notre socialisme était et n’était pas moins qu’une religion du salut temporel. Et aujourd’hui encore il n’est pas moins que cela. Nous ne cherchions pas moins que le salut temporel de l’humanité par l’assainissement du monde ouvrier, par l’assainissement du travail et du monde du travail, par la restauration du travail et la dignité