Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/330

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Toute leur confiance est dans leur petitesse.
Ils disent, se sentant d’une chétive espèce :
« Bah ! nous ne pesons rien ! régnons. » Les nobles cœurs !
Ils ne savent donc pas, ces pauvres nains vainqueurs,
Sautés sur le pavois du fond d’une caverne,
Que lorsque c’est un peuple illustre qu’on gouverne,
Un peuple en qui l’honneur résonne et retentit…

L’honneur c’est Wagram. Qui devant un soleil couchant, un beau soleil couchant sur le Luxembourg, vu au contraire du Panthéon, vu toujours de la rue Soufflot, toujours à l’heure du train, ou autrement, à une autre heure, qui devant un de ces merveilleux soleils couchants sur les quais, sur les ponts, par l’entrée de votre place Dauphine, ou derrière Notre-Dame, derrière les monuments, derrière le troupeau des monuments, derrière les simples maisons, derrière les collines suburbaines, et aussi derrière les collines urbaines, derrière les collines vaporeuses, derrière les collines plantées, derrière les collines vêtues, derrière les collines chaudement vêtues de monuments et de maisons, qui devant un de ces couchants de soleil sur l’infini de la plaine, devant un de ces ciels de Paris et de l’Ile-de-France, devant un de ces merveilleux couchers de soleil comme l’Ile de France en a le secret, et Paris en Ile de France, qui allumé seulement par ce mot de soleil couchant partira instantanément sur ces vers :

Au soleil couchant,
Toi qui vas cherchant
          Fortune,