Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/364

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savons faire de la bibliographie. Nous n’en avions pas seulement de bien bonnes ; nous n’en avions pas seulement de bonnes, ce qui est le grade au-dessus ; nous en eûmes quelquefois d’heureuses.




Un soir, t’en souvient-il ? c’est moi qui vous ai conté la suave histoire, l’histoire de Jérimadeth. Ce soir là donc nous ne voguions pas en silence. Vous savez, vous vous rappelez quel était le problème :

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre
Brillait à l’occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.

Saluons ici un des plus beaux poèmes que l’on ait jamais fait en français, et en grec, et en européen. Saluons huit, en deux strophes, des plus beaux vers de ce plus beau poème. Saluons d’abord nos vieilles connaissances les rimes en ombre, qui intervenant pour la deuxième fois dans ce poème lui ont, ici, couronné, permis de couronner deux de ses plus beaux vers. Mais