Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/393

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neuf, où il demeure entier, premier), toutes les fois qu’on le récite et qu’on se le récite et que je vous le récite on est immédiatement averti par un avertissement secret, on est saisi instantanément par un saisissement, d’un saisissement sourd, soudain, d’une révélation soudaine, on est instantanément pénétré, d’une évidence soudaine, on sent instantanément que c’est tout autre, que c’est beaucoup plus et infiniment autre qu’un texte. Je vous crois, mon ami. C’est la seule contre partie que nous ayons. C’est le seul report que nous ayons. C’est la seule réplique que nous ayons dans le monde païen de ce que sont dans le monde chrétien les considérations, les contemplations de l’incarnation. C’est le seul exemple que nous ayons, et que sans doute nous aurons jamais, le seul cas de ce que serait une prophétie païenne, si ces deux mots pouvaient aller ensemble.


Comme communs dreyfusistes, Halévy, nous nous rappelons fort bien les sentiments que nous eûmes pour la loi de dessaisissement. Nous savons très bien, comme au premier jour, bien que nous ne le disions plus, qui était pour et qui était contre, qui s’est déshonoré pour (tous les radicaux notamment, moins trois ou quatre, moins un peut-être au fond seulement, qui était Vazeille), qui s’est honoré contre, qui en fut rapporteur à la Chambre et au Sénat, quels deux grands sénateurs entre autres s’honorèrent contre, Bérenger, Waldeck-Rousseau. Mais vous avez raison, Garnier, cette loi de dessaisissement ne fut rien, n’était rien, en compa-